INTERVIEW COLLECTIF SCALE
05/12/2019
Le collectif Scale est à l’origine du projet CODA, produit par TETRO+A dans le cadre de la Fête des Lumières 2019.
Nous avons à cette occasion recueilli les pensées de Joachim Olaya, membre éminent du collectif, qui joue le jeu de l’interview pour nous présenter le chemin parcouru jusqu’ici et nous expliquer la naissance de projet déjà crucial pour eux.
Si vous deviez définir le Collectif Scale en 3 mots ?
Scale est un concepteur d’installations visuelles tout simplement.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Scale est avant tout une bande de copains (et maintenant copines) qui se sont rencontrés pour certains il y a déjà 20 ans.
Comment décririez-vous votre imaginaire ?
Nous sommes aussi des techniciens, donc par nature très pragmatiques et ancrés dans la réalité. Nos idées sont surtout guidées par les évolutions technologiques en tous genres que l’on tente de s’approprier puis de décaler autant que possible. Certains parleraient d’innovation, de notre côté, nous essayons plutôt d’anticiper ou d’imaginer ce que pourrait-être les médiums de demain.
Où puisez-vous vos inspirations ?
Nos projets sont fortement imprégnés par une pop culture ludique et divertissante. Même si nous adorons certains grands plasticiens contemporains. Nous nous considérons plus influencés par le jeu vidéo, les fêtes foraines ou le cinéma de David Cronenberg, que par Bill Viola ou Daniel Burren.
Que signifie la lumière pour vous ? Pourquoi l’avoir choisie comme medium principal ?
Nous venons de la vidéo ou plutôt du motion design. À l’inverse de l’image animée et de son support de projection, la lumière est plus vivante, plus impactante, plus autonome et voyage différemment. Nous l’avons adoptée et choisie comme outil principal tout en la contrôlant et la programmant comme de l’image et avec toutes les possibilités narratives que cela permet.
Vous allez révéler CODA pour la 1ère fois lors de la prochaine Fête des Lumières de Lyon. Comment est cette nouvelle œuvre ?
CODA est une synthèse parfaite, l’aboutissement le plus juste après nos dix années d’évolution et d’apprentissage. C’est certainement CODA qui représente le plus ce que l’on a toujours voulu faire et qui pourrait résumer à elle seule l’identité de Scale et de ses membres. Nous sommes heureux, parce qu’elle marque réellement la fin d’une période et du début de quelque chose de nouveau et très excitant. Comment est-elle ? Elle est peut-être notre meilleur cocktail d’onirisme et de technologie.
Ce projet est particulièrement innovant dans sa forme et les éléments qui le constituent. Comment s’est passé la recherche conceptuelle et technique pour ce projet ?
Même si nous avions eu l’idée il y a 3 ans, nous n’aurions jamais pu la mettre en œuvre pour des raisons de compétences pures, de choix artistico-techniques et d’accessibilités à certaines technologies. Le concept de créer un ballet de lumière, en remplaçant le danseur par la machine est arrivé très vite. Nous ne sommes pas du tout les premiers à utiliser des bras robotisés pour une installation. En revanche, en faire un ballet chorégraphique de groupe, en utilisant toutes les possibilités d’écriture chorégraphique que cela autorise et rendre ses robots transparents d’un point de vue dramaturgique afin de laisser la place à la lumière nous parait être une idée relativement neuve. C’est un des rares projets qui a mobilisé la totalité du collectif et des compétences en même temps.
Quel a été la base d’inspiration ?
Le point est départ est vraiment l’idée d’une chorégraphie de groupe, d’un spectacle vivant, littéralement, d’aller le plus loin possible dans la mise en mouvement de la lumière mais en traitant cela avec nos codes habituels : impact visuel, colorimétrie marquée, musique électronique, etc.
La composition musicale est assurée par Lucie Antunes, jeune artiste, comment s’est passé cette collaboration ? Quels étaient les défis de cette double composition musicale et robotique (mouvements + lumière) ?
Le collectif est très lié au monde de la musique électronique car c’est un de nos terrains de jeu favori. Nous avons donc l’habitude d’augmenter nos projets parce genre de musique et inversement. Lucie nous a contacté pour nous faire une commande de scénographie pour son prochain spectacle. En découvrant, conquis, son univers nous avons rapidement accepté puis nous lui avons rendu la pareille pour lui proposer de composer la musique pour CODA à la Fête des Lumière afin d’initier la collaboration. Plus tard en 2021, CODA ira donc aussi sur scène avec Lucie.
Ce type de projet met combien de temps à voir le jour entre l’idée et son reveal ?
1 an. Le 5 décembre 2019, c’est l’anniversaire de l’Idée, le 5 décembre 2018 était l’anniversaire 0 de CODA.
Le 4 mains avec TETRO+A sur cette co-production s’est fait assez naturellement, comment gère-t-on côté artistes ? Quels ont été les apports de chacun ?
La rencontre avec TETRO+A a déjà quelques temps. Notre collaboration est simple et évidente. Elle est complémentaire tout simplement. Pour Coda, nous avons fait entrer TETRO+A dans la boucle avant même que le projet de la Fête des Lumières se concrétise. Le collectif travaille la plupart du temps en quasi-autonomie de production, sur certains projets comme CODA, la présence de TETRO+A est essentielle et nous facilite fortement la tâche sur les aspects que nous maitrisons mal ou que nous ne souhaitons pas assumer. Mais plus simplement, Scale apporte et conçoit une installation et TETRO+A nous donne les ressources, l’endroit et l'occasion de la réaliser.
Quelle importance joue le lieu dans un tel projet ? Et plus spécifiquement le Grand Hôtel Dieu pour cette Première ?
Le Grand Hôtel-Dieu et sa Cour du Midi est un écrin parfait pour CODA car une installation comme celle-ci a des contraintes techniques et logistiques fortes. C’est aussi pour cela que l’on a fait notre maximum et tous œuvré pour être dans ce cocon.
De nouvelles représentations sont-elles déjà prévues ?
Il s’agit d’un lancement ici, pour la fête des Lumières donc rien n’est encore parfaitement concret à l’exception du projet sur scène avec Lucie en 2021. Mais nous espérons fortement que CODA ait une belle vie.