INTERVIEW GUILLAUME MARMIN
22.05.2019
GUILLAUME MARMIN CRÉE 1,3 SECONDE, UNE INSTALLATION IMMERSIVE AU COEUR DE METZ
Guillaume Marmin conçoit des installations et des performances immersives, mettant en scène la lumière, le son et l'espace. Son travail s’inscrit dans un renouveau de la création visuelle en s’affranchissant des formes classiques de narration et des supports de diffusion traditionnels. Depuis une dizaine d'années, ses projets le mènent à exposer dans de nombreux pays et sont l'occasion de collaborer avec des musiciens des diverses scènes musicales.
Qui est Guillaume MARMIN ?
Bonjour, je suis un artiste plasticien basé à Nantes. Mes créations mettent en jeu la lumière, le son et l'espace. Elles peuvent prendre la forme d'installations, de performances live accompagnées de musiciens ou encore d'oeuvres pérennes destinées à l'espace public.
As-tu toujours voulu être artiste ?
Non, je n'ai imaginé que tardivement que je pourrais faire une carrière artistique. J'ai une trajectoire professionnelle qui ressemble à une diagonale. D'abord intéressé par le journalisme, j'ai fait de l'audiovisuel puis des créations vidéo pour le spectacle, des performances musique-image et maintenant des installation. Je ne sais exactement où cela mènera mais je pense avoir toujours aimé l'expérimentation et initier de nouveaux projets.
Quel est ton imaginaire ?
Quand on s'intéresse à la lumière, on est toujours à la croisée de questionnements scientifiques, artistiques mais aussi philosophiques voir mystiques du fait de cette symbolique très forte. Il peut s'agir de mythologie grecque, d'astrophysique ou de shintoïsme. Sans être expert en quoi que ce soit j'aime écouter les spécialistes de ces domaines, les réflexions qu'ils développent et aussi une certaine dose de folie qu'ils peuvent avoir en commun. Cette passion qui les anime et les déconnecte parfois du quotidien.
Qu’est-ce qui t’inspire et te pousse à créer ?
Inventer de nouveaux outils et dispositifs, imaginer des projets avec des musiciens, des constructeurs ou des architectes, visiter de nouveaux lieux et pays.
Que signifie la lumière pour toi ? Pourquoi l’avoir choisie comme medium principal ?
Quand on travaille la lumière on modifie notre éclairage sur le monde et donc notre perception de la réalité. En jouant avec les effets optiques mais aussi sonores on peut provoquer des sensations chez le spectateur. L'attraper physiquement en quelque sorte pour ensuite suggérer une intention. Cela rend les créations accessibles à un public très large je pense.
Peux-tu nous présenter 1,3 seconde ?
1.3 S est une nouvelle installation imaginée pour le festival Constellations de Metz qui se tient tout l'été. 1.3 S correspond au temps mis par la lumière pour faire le trajet Terre-Lune. C'est à la fois très court comme durée et en même temps suffisamment long pour être perceptible. Cette durée constitue la pulsation initiale, le pouls de la création imaginée pour la basilique St Vincent. La lumière et le son vont ainsi se déplacer et révéler les 70 mètres de nefs de l'édifice, grâce à un dispositif sur mesure constitué de 300 projecteurs et une douzaine de haut parleurs.
De quoi s’agit-il ?
C'est donc un projet qui met scène la lumière, le son mais aussi l'architecture particulière du bâtiment pour faire sentir la relation qu'il peut y avoir entre temps et espace. On pourrait dire une tentative d'illustration de la relativité. C'est aussi un clin d'oeil à l'anniversaire du premier alunissage. On propose ainsi une sorte de voyage très abstrait vers la lune.
Quel a été ton processus de création ?
Nous avons d'abord visité le lieu pour prendre la mesure de cette basilique qui est très impressionnante, essayé de comprendre son acoustique aussi. Nous avons ensuite imaginé quels seraient les meilleurs outils pour faire circuler la lumière à l'intérieur puis ensuite construit des projecteurs sur mesure ainsi que les cartes électroniques permettant de les contrôler. Ce fut un petit chantier qui a regroupé pas mal de compétences différentes.
Quelle importance a joué le lieu (Basilique Saint Vincent) dans ce projet ?
C'est le point de départ du projet puisque la ville à commencer par nous proposer le lieu.
Envie d’aller marcher sur la lune ?
Carrément mais accompagné si possible. Ça a l'air désertique et ça doit être frustrant s'il n'y a pas quelqu'un avec vous pour partager l'expérience, même avec un bocal sur la tête.
Une nouvelle création en vue ? Un projet fou ?
Il y pas mal de projets que je rêve de réaliser, l'un d'eux serait une installation qui serait conçue dans un container et pourrait ainsi voyager de manière autonome. J'espère que l'on en reparlera très bientôt.